- JUBILÉ
- JUBILÉJUBILÉCélébration exceptionnelle revenant à intervalles réguliers, pour marquer des dates importantes dans la vie chrétienne ou dans l’histoire de l’Église (en latin, jubilaeus ; de l’hébreu yobel , corne avec laquelle on annonce une fête). Elle s’inspire de la Bible: le livre du Lévitique prescrit, tous les cinquante ans, une année dite sabbatique, où on laisse reposer la terre, où les dettes sont remises, les esclaves libérés et même, en partie, les biens redistribués. Jésus a présenté cette institution comme une figure de l’ère messianique. Le mot «jubilé» désigne les années saintes ainsi que, dans les monastères, les communautés et les familles chrétiennes, certains anniversaires importants de la profession religieuse, de l’ordination épiscopale ou presbytérale, du mariage, tels le vingt-cinquième ou le cinquantième (les noces d’argent ou les noces d’or).• apr. 1450; jubileus 1235; lat. jubilæus, de l'hébr. yobhel « corne pour annoncer la fête »1 ♦ Relig. Solennité publique célébrée autrefois tous les cinquante ans chez les Juifs. — Indulgence plénière solennelle et générale accordée pour une année (année sainte) par le pape, sous la condition d'accomplir certaines pratiques de dévotion. Année du jubilé. ⇒ jubilaire. Jubilé de l'an 2000.2 ♦ (XIXe) Cour. Fête célébrée à l'occasion du cinquantenaire de l'entrée dans une fonction, dans une profession. Le jubilé de la reine Victoria.jubilén. m.d1./d RELIG CATHOL Année sainte, qui revient tous les vingt-cinq ans.d2./d Fête en l'honneur d'une personne qui exerce une activité depuis cinquante ans, d'un couple marié depuis cinquante ans.⇒JUBILÉ, subst. masc.A. — RELIG. Solennité publique de la loi mosaïque, célébrée tous les cinquante ans dans l'antiquité juive et à l'occasion de laquelle dettes et peines étaient remises :• 1. Leurs pères, enchaînés, furent témoins de leur extermination et restèrent liés jusqu'au jour du jugement. Plus loin, ce livre [Le Livre des jubilés] rapporte que, dans la 3e semaine du 29e jubilé, après le déluge, les démons impurs commencèrent à tromper les fils de Noé, à les rendre insensés et à les faire périr.Théol. cath. t. 4, 1 1920, p. 329.— En partic. Livre des jubilés. ,,Apocalypse juive retrouvée en version éthiopienne et où l'histoire est divisée en périodes de cinquante ans`` (Foi t. 1 1968). Mais ils étaient presque tous exclusivement tributaires des légendes du livre des Jubilés ou du livre d'Hénoch (Théol. cath. t. 4, 1 1920, p. 375).— P. méton. Indulgence plénière accordée, dans la religion catholique, par le souverain pontife, à intervalles réguliers (actuellement tous les vingt-cinq ans) et parfois à l'occasion d'anniversaires de faits religieux importants; cérémonies qui l'accompagnent (d'apr. Foi t. 1 1968). Bulle, préparation, temps du jubilé. Dans l'année du grand jubilé, on ne reçut pas moins de 444 500 étrangers à l'hôpital de Saint-Philippe-de-Néry, à Rome (CHATEAUBR., Génie, t. 2, 1803, p. 548). M. de Damas avait fatigué son élève en le traînant d'église en église aux stations du jubilé (CHATEAUBR., Mém., t. 4, 1848, p. 242) :• 2. Saint-Pierre a cinq portes : l'une d'elles est murée et ne s'ouvre que tous les vingt-cinq ans, pour la cérémonie du jubilé. Le jubilé, qui une fois réunit à Rome quatre cent mille pèlerins...STENDHAL, Prom. ds Rome, t. 1, 1829, p. 137.♦ P. méton. Ensemble des fêtes et des cérémonies ayant lieu pendant la période où est accordée cette indulgence. Il suivait en Vervignole (...) et jusqu'en Mambournie, les foires, les tournois, les pardons, les jubilés où affluaient (...) des gens de toutes conditions (FRANCE, Mir. Gd St Nic., 1909, p. 94).— Expressions♦ Faire son jubilé. Observer les pratiques imposées pour obtenir cette indulgence. P. ell. À travers les formes diverses de communion et la particularité des moyens, des appareils qui aident à produire cet état, qu'on y arrive par un jubilé, par une confession générale (...) on peut reconnaître que (...) l'état de Grâce est un (SAINTE-BEUVE, Port-Royal, t. 1, 1840, p. 112).♦ Célébrer son jubilé. Fêter le cinquantenaire de son sacerdoce. (Dict. XIXe et XXe s.).B. — P. anal. Fête célébrée lors du cinquantenaire d'une prise de pouvoir, d'une entrée en fonctions ou à l'occasion de cinquante ans de mariage. Mariage de jubilé; fêter son jubilé; jubilé de cinquante ans de règne. Les publications jubilaires, recueils de mémoires paraissant à l'occasion du jubilé d'un mathématicien (Civilis. écr., 1939, p. 26-4).— Au fig. Paysage de montagnes, retraite silencieuse, luxe ou plutôt bien-être solide, vaste loisir pour la méditation, hiver rigoureux, propre à concentrer les facultés de l'esprit, oui, c'était bien le bonheur, ou plutôt les dernières lueurs du bonheur, une intermittence dans la fatalité, un jubilé dans le malheur (BAUDEL., Paradis artif., 1860, p. 421).— JEUX, fam. Faire jubilé. Brouiller le jeu, brouiller les cartes. (Dict. XIXe et XXe s.).REM. Jubilé, adj. Qui a cinquante ans de profession (d'apr. Ac. 1835). Chanoine jubilé (d'apr. Ac. 1835).Prononc. et Orth. : [
]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. A. 1. Ca 1235 relig. juive jubileus « solennité célébrée tous les cinquante ans » (Bible de l'Université de Paris, BN 899, f° 76 [Nombres 36, 4] ds TRENEL, p. 78); 1295 lan jubilee (GUIART DESMOULINS, Bible historiale, BN 15392, f° 52 v°, ibid.); 1364 jubile (s. réf. ds FEW t. 5, p. 52 a); ca 1382 jubile (RAOUL DE PRESLES, Bible fr., BN 153, f° 74 ds TRENEL, p. 78); 2. mil. XVe s. relig. cathol. jubilé « indulgence plénière accordée par le pape pour l'année sainte » (J. CHARTIER, Chronique de Charles VII, chap. 232, éd. Vallet de Viriville, t. 2, p. 234). B. a) dernier quart XIVe s. jubilé « fête célébrée à l'occasion de la cinquantième année d'exercice d'une profession, d'un état » (FROISSART, Chroniques, 1. 1, § 773, éd. S. Luce, t. 8, p. 224 : son jubilé [du roi Edouard d'Angleterre], car il avoit esté cinquante ans rois); b) fin XIVe s. jubilé « 50e anniversaire d'une personne » (E. DESCHAMPS, Rondeaulx et virelays, DCLVII ds Œuvres, éd. de Queux de Saint-Hilaire, t. 4, p. 116); c) 1680 adj. cordelier jubilé « exempt d'aller au chœur pour raison d'âge » (RICH.). Empr. au lat. chrét. jubilaeus subst., annus jubilaei « jubilé, année jubilaire », adj. ds annus jubilaeus « id. » (Vulgate, Lév. chap. 25) et celui-ci à l'hébr.
« bélier; corne de bélier, trompette en corne de bélier; jubilé, année jubilaire (annoncée par le son de cette trompette, v. Lév. 25, 9) ». La forme jubilaeus du lat., au lieu de jobelaeus, est due à l'attraction paronymique du lat. jubilare « pousser des cris, crier après » (jubiler). Au sens A 2, cf. lat. médiév. jubil(a)eus (XIVe s. ds DU CANGE, p. 431); au sens B a, cf. lat. chrét. jubileus, adj. ds annorum numerum [...] jubileum « 50 ans (en parlant d'un évêque exerçant ses fonctions depuis plus de 50 ans) » (VIe s. ds TLL s.v. 575, 5) et lat. médiév. jubilaeus, subst. « 50e anniversaire de la profession d'un religieux » (1462 ds DU CANGE, p. 432 a). Fréq. abs. littér. : 59. Bbg. QUEM. DDL t. 10.
jubilé [ʒybile] n. m.ÉTYM. Après 1450; jubileus, 1235; adj., fin XIIIe; lat. jubilæus, annus jubilæus, de l'hébreu yōbhēl « corne » (cet instrument servant à annoncer la fête), par attraction de jubilare. → Jubiler.❖1 a Relig. judaïque anc. Solennité publique célébrée tous les cinquante ans. || À l'occasion du jubilé les dettes étaient remises, les héritages rendus à leurs propriétaires, et les esclaves mis en liberté. — Livre des jubilés : Apocalypse juive divisée en périodes de cinquante ans.b (Mil. XVe). Relig. cathol. « Indulgence plénière solennelle et générale accordée par le pape en certains temps et à certaines occasions » (Académie). || Le jubilé est accordé aux fidèles pour une année, dite année sainte, et sous la condition d'accomplir certaines pratiques de dévotion. || Année du jubilé. ⇒ Jubilaire. || La cérémonie du jubilé.♦ (1680). Ensemble de ces pratiques. — ☑ Loc. (1671, Mme de Sévigné, in D. D. L.). Faire son jubilé, observer ces pratiques pour obtenir les indulgences jubilaires.0 (…) le grand jubilé (…) attirait à Rome une si prodigieuse foule, qu'en 1350 on y compta deux cent mille pèlerins.Voltaire, Essai sur les mœurs, LXVIII.2 (Fin XIVe). Cour. Fête célébrée à l'occasion du cinquantenaire de l'entrée dans une fonction, dans une profession. || Le jubilé universitaire du professeur X. || Le jubilé parlementaire du sénateur Y.♦ Fête pour le cinquantenaire d'un mariage.❖DÉR. Jubilaire.HOM. Jubiler.
Encyclopédie Universelle. 2012.